Les fractures de la hanche chez la femme sont moins fréquentes dans les pays où il fait plus chaud. Par exemple, le taux de fracture est 11 fois plus élevé en Europe du Nord que dans la région Méditerranéenne. Ce résultat, surprenant, n’est peut-être pas uniquement lié à des différences génétiques, culturelles ou de régime alimentaire. En effet, une récente étude suisse a peut-être trouvé une autre explication : la chaleur est bonne pour nos os… grâce à nos intestins !
L’ostéoporose : maladie osseuse la plus répandue
L’ostéoporose est caractérisée par une diminution de la résistance osseuse, les os sont plus fragiles, prédisposant à un risque accru de fracture. Elle touche principalement les femmes, après la ménopause, car l’ostéoporose est causée par une diminution de la production d’œstrogènes. Cette hormone féminine participe en effet au remodelage osseux, en permettant la production d’os. On estime que près de 39% des femmes de 65 ans souffrent de cette maladie en France.
L’ostéoporose est à l’origine de près de 400 000 fractures chaque année en France, principalement :
- La hanche (74 000 fractures)
- Les vertèbres (56 000 fractures)
- Le poignet (56 000 fractures)
- Les autres os : bassin, côtes, humérus, tibia… (191 000 fractures)
Les enjeux de la recherche sur l’ostéoporose
Des traitements existent, notamment les biphosphonates qui limitent la perte osseuse. Mais la maladie reste incurable. Une prévention efficace des fractures est donc indispensable. A l’heure actuelle, les traitements préventifs consistent en :
- La pratique d’une activité physique régulière pour freiner la perte osseuse et entretenir la musculature et l’équilibre afin d’éviter les chutes
- La supplémentation en vitamine D pour renforcer les os
- Le traitement hormonal pour compenser la diminution de production des œstrogènes
Comme tout traitement médicamenteux, les effets secondaires sont malheureusement inévitables. Les spécialistes souhaitent donc mettre au point d’autres traitements. C’est dans cet objectif, qu’une équipe de chercheurs suisses a constaté qu’un environnement à 34°C augmentait la résistance osseuse et prévenait la perte et fragilité osseuse chez des souris femelles « ménopausées ». Les souris ne souffrant pas de ménopause naturelle, les chercheurs en ont reproduit les symptômes et conséquences en pratiquant une ovariectomie, permettant de réduire la production d’œstrogènes.
Comment la chaleur agit sur les os ?
Grâce au microbiote intestinal ! Le microbiote, ou flore intestinale, correspond à cet ensemble de micro-organismes (bactéries, virus…) qui compose notre système digestif. Nous vivons en symbiose avec ces organismes indispensables à notre santé, car ils jouent un rôle essentiel notamment dans la digestion.
L’étude suisse montre que les températures ambiantes chaudes (34°C) permettent :
- Chez les souriceaux : le développement d’os plus longs et plus solides à l’âge adulte
- Chez les souris adultes, qui s’étaient au préalable développées à température ambiante normale (environ 21°C) : une meilleure solidité des os et une diminution de la perte osseuse.
Les chercheurs ont constaté que, à 34°C, la composition du microbiote intestinal chez les souris mâles et femelles d’âges différents était modifiée. Certaines espèces de bactéries sont en effet retrouvées en plus ou moins grande quantité en fonction de la température ambiante. Les chercheurs ont ensuite transplanté le microbiote de souris femelles logées à 34°C dans les intestins de souris femelles ménopausées logées à 21°C. Cette transplantation a permis de compenser la diminution de la résistance osseuse des souris gardées à 21°C.
Le secret vient des polyamines
L’analyse du génome des souris a montré que, à 34°C, le microbiote augmente la production de polyamines. Les polyamines jouent des rôles très divers, notamment dans la régulation des cellules qui construisent et dégradent l’os. L’administration de polyamines a augmenté la résistance osseuse chez les souris femelles logées à 21°C, tandis que le traitement avec un inhibiteur de synthèse de polyamine a inversé les bénéfices d’être logé à 34°C chez d’autres souris.
Les chercheurs cherchent désormais à déterminer quel micro-organisme au sein du microbiote est responsable de cette production de polyamines.
Le microbiote et les polyamines libérées en réponse à la chaleur ambiante représentent une stratégie de prévention très intéressante pour prévenir les maladies osseuses et ouvrent de nouvelles perspectives de recherche pour d’autres maladies liées à l’âge.
En conclusion, pour la santé de vos os, pensez à la couverture chauffante !
Sarah G., Attachée scientifique
– Warmth prevents bone loss through the gut microbiota. Cell Metabolism. Consulté le 15 octobre 2020.