En France, plusieurs millions de personnes souffrent au quotidien des conséquences du syndrome du côlon irritable, parfois encore appelé la colopathie fonctionnelle. Au-delà des problèmes digestifs associés à cette affection, plusieurs études suggèrent que le syndrome du côlon irritable serait un facteur de risque d’ostéoporose. Une revue de littérature a récemment fait le point sur cette question.
Syndrome du côlon irritable et ostéoporose
Plusieurs études scientifiques ont tenté d’établir un lien entre deux pathologies très distinctes en apparence :
Cependant, ces études se montraient insuffisamment robustes pour démontrer clairement que le syndrome du côlon irritable serait un facteur de risque d’ostéoporose. Pour en savoir plus, des chercheurs ont mené une méta-analyse, à partir des données de quatre études de cohorte et d’une étude transversale, toutes parues avant octobre 2019.
Un doublement du risque d’ostéoporose
Parmi les études compilées dans cette méta-analyse, deux étaient américaines, deux taïwanaises et un coréenne. Au total, ces études ont porté sur 526 633 patients, d’âge moyen compris entre 46,4 et 51,8 ans. L’analyse des données de l’ensemble des études a révélé que le risque d’ostéoporose était doublé chez les sujets atteints du syndrome du côlon irritable, par rapport aux individus en bonne santé. Ce doublement du risque se confirmait, même en enlevant les données d’une étude ou d’une autre.
Parallèlement au doublement du risque d’ostéoporose, les données analysées ont montré que le risque de fractures ostéoporotiques était également augmenté, en moyenne de 58 %, mais sans significativité statistique. Le lien entre syndrome du côlon irritable et risque de fracture ostéoporotique ne devenait significatif, qu’après soustraction des données de l’étude transversale.
Un suivi ciblé des sujets concernés
Cette méta-analyse semble confirmer que le syndrome du côlon irritable serait un facteur de risque d’ostéoporose et de fracture ostéoporotique. Le lien entre ces deux affections pourrait s’expliquer par l’implication de plusieurs mécanismes associés au syndrome du côlon irritable :
- L’inflammation chronique ;
- La stimulation des voies adrénergiques de l’axe hypothalamus-hypophyse ;
- Les troubles nutritionnels ;
- Les médicaments utilisés pour traiter le syndrome du côlon irritable.
Il apparaît donc essentiel que les patients atteints de cette maladie intestinale, surtout s’ils présentent d’autres facteurs de risque d’ostéoporose, bénéficient d’une prévention ciblée et d’une prise en charge adaptée.
Estelle B., Docteur en Pharmacie