Du sport pour prévenir l’ostéoporose dès le début de la ménopause

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Rédigé par Estelle B. et publié le 17 octobre 2016

Chaque année en France, près de 400 000 nouvelles fractures sont liées à l’ostéoporose, les femmes ménopausées étant les principales victimes. Quelle est la place de l’exercice physique dans la prévention de l’ostéoporose chez ces femmes ?

femme seniorfaisant du sport

Ménopause et ostéoporose

La ménopause signe l’arrêt de la production d’œstrogènes par l’organisme. Or les œstrogènes jouent des rôles importants dans le remodelage osseux, en freinant la dégradation des os et en favorisant la formation de tissu osseux. La ménopause augmente ainsi le risque d’ostéoporose chez les femmes. L’ostéoporose est à l’origine de fractures, qui altèrent la qualité de vie et réduisent l’espérance de vie.

La prévention de l’ostéoporose repose principalement sur une supplémentation de calcium et de vitamine D. Mais ces supplémentations sont souvent insuffisantes pour prévenir la perte osseuse. Les biphosphonates, l’un des principaux médicaments utilisés dans le traitement de l’ostéoporose, agissent principalement en diminuant la dégradation osseuse. Ils sont parfois prescrits en prévention de l’ostéoporose. Mais cette prescription est aujourd’hui controversée, car à long terme ils diminuent le remodelage osseux, fragilisent les os et entraînent un risque de fracture atypique du col du fémur. Existe-t-il des alternatives aux biphosphonates pour prévenir efficacement l’ostéoporose ?

L’importance de l’exercice physique

Une étude américaine s’est récemment intéressée aux effets de l’exercice physique dans la prévention de l’ostéoporose chez les femmes ménopausées. 309 femmes, ménopausées depuis moins de 5 ans, ont participé à cette étude. Trois groupes de femmes ont été comparés :

  • Un groupe avec une supplémentation de calcium et de vitamine D
  • Un groupe avec une supplémentation de calcium et de vitamine D et un biphosphonate (150 mg de risedronate toutes les 4 semaines)
  • Un groupe avec une supplémentation de calcium et de vitamine D et un programme d’activité physique.

Parallèlement, les femmes conservaient leurs activités physiques habituelles. Les exercices physiques étaient basés sur des activités d’endurance, de port de charges et de musculation et étaient adaptés aux conditions physiques de chaque femme.

Après 6 et 12 mois de traitement, plusieurs paramètres étaient évalués :

  • La structure osseuse du tibia et de la hanche
  • La masse osseuse de la hanche, du col du fémur et des vertèbres
  • La formation osseuse, la dégradation osseuse et le remodelage osseux

Prescrire de l’exercice plutôt que des médicaments !

Les résultats de l’étude ont tout d’abord mis en évidence l’importance des paramètres étudiés. La densité et la masse osseuse seraient insuffisantes pour évaluer correctement l’ostéoporose et le risque de fractures. La structure osseuse semble un élément important à prendre en compte.

Quels sont les effets de l’exercice physique comparé aux biphosphonates ? L’exercice physique améliore notablement la force osseuse, même lorsque la masse osseuse diminue. L’activité physique ne permet pas de stopper la perte de masse osseuse consécutive à la ménopause, mais elle renforce les os. Une formation de tissu osseux s’opère dans les zones soumises aux contraintes mécaniques, induisant un renforcement osseux dans ces zones justement les plus à risques de fractures. L’exercice physique permettrait ainsi une action localisée au contraire des biphosphonates qui agissent sur l’ensemble des os.

Cette étude montre l’intérêt d’une activité physique adaptée dans la prévention de l’ostéoporose chez les femmes récemment ménopausées. Les 5 premières années de la ménopause constituent souvent une période de forte perte osseuse. Prescrire des séances d’activité physique au cours de cette période pourrait permettre un renforcement osseux avec une meilleure efficacité que le calcium, la vitamine D et les biphosphonates.

sport et médicaments

L’intégration de l’activité physique dans la prévention de l’ostéoporose chez les femmes ménopausées pourrait par ailleurs retarder le recours aux biphosphonates et ainsi limiter leurs effets délétères à long terme. Les biphosphonates seraient alors réservés aux cas avérés d’ostéoporose. Reste à savoir si de tels effets peuvent être retrouvés chez les femmes plus âgées ou chez les hommes …

Estelle B., Docteur en Pharmacie


Source :
Bilek et al. Protocol for a randomized controlled trial to compare bone-loading exercises with risedronate for preventing bone loss in osteopenic postmenopausal women. 2016. BMC Women’s Health 16:59. DOI 10.1186/s12905-016-0339-x