Avec l’allongement de l’espérance de vie, l’ostéoporose et les fractures associées représentent un véritable enjeu de santé publique : on estime que 39% des femmes souffrent d’ostéoporose vers l’âge de 65 ans, et 70% chez les femmes âgées de 80 ans et plus. Dans ce contexte, une étude suédoise s’est penchée sur un nouveau traitement et son action de protection contre les fractures. Les résultats ont été publiés dans New England Journal of Medicine.
Ostéoporose et fractures
L’ostéoporose est un processus naturel lié au vieillissement : les os perdent de leur solidité, ce qui prédispose aux fractures. C’est généralement un manque de calcium, de phosphore et d’autres minéraux qui fragilisent les os, les rendent plus poreux et donc plus susceptibles de se fracturer lors d’une chute banale.
L’ostéoporose est asymptomatique et bien souvent, la perte osseuse n’est constatée qu’à la suite d’une fracture survenue au cours d’une chute.
Touchant généralement les personnes âgées de 65 ans et plus, l’ostéoporose augmente considérablement le risque de fractures. 377 000 nouvelles fractures dues à l’ostéoporose sont d’ailleurs à déplorer chaque année en France. Les os de la hanche, des poignets et de la colonne vertébrale étant les plus touchés.
De nombreux médicaments capables de freiner la dégénérescence osseuse et de réduire les risques de fractures sont disponibles sur le marché. Ils sont prescrits uniquement lorsque le risque de fracture est jugé élevé. Parmi ces thérapeutiques, on trouve le traitement médicamenteux à base de comprimés d’alendronate. L’alendronate augmente la densité osseuse en ralentissant la dégradation de l’os, ce qui réduit ainsi le risque de fracture de 20 à 50%.
A savoir ! L’alendronate fait partie de la famille des bisphosphonates qui comptent parmi les médicaments les plus utilisés contre l’ostéoporose. Ces molécules freinent l’activité des ostéoclastes, les cellules qui dégradent l’os, ce qui permet de limiter la perte osseuse et de réduire le risque de survenue d’une fracture de la hanche ou d’une fracture vertébrale d’un facteur pouvant aller jusqu’à 2.
Cependant, force est de constater que beaucoup de patientes présentant une ostéoporose sévère et un risque élevé de fractures ne peuvent souvent pas retrouver leur solidité osseuse initiale. Elles continuent de subir des fractures, parfois lors d’une chute banale alors qu’elles se tenaient simplement debout.
Dans ce contexte, il semble indispensable de prévenir les fractures osseuses pour en éviter les conséquences dommageables : douleurs, perte d’autonomie, réduction de la qualité de vie (surtout pour la fracture de la hanche), etc. D’autant que 20 à 25% des personnes souffrant d’une fracture de la hanche décèdent au cours de l’année suivante.
Un nouveau traitement qui réduit les risques de fracture
Menée par une équipe suédoise de l’Université de Gothenburg, une nouvelle étude s’est attachée à comparer pour la première fois l’effet de 2 médicaments anti-ostéoporotiques sur les fractures.
Pour mener à bien leurs recherches, les scientifiques ont inclus dans l’étude une cohorte de 4 093 femmes, d’âge moyen de 74 ans, présentant une ostéoporose et des antécédents de fractures. Elles ont été réparties en deux groupes, de façon randomisée :
- Le premier groupe devait suivre pendant 12 mois le traitement classique à base d’alendronate.
- Le second groupe devait suivre pendant 12 mois un nouveau traitement à base de romosozumab.
A savoir ! Le romosozumab est un anticorps anti- sclérostine. La sclérostine est une protéine synthétisée par les cellules osseuses, et qui inhibe la formation osseuse. Le traitement au romosozumab bloque l’activité de cette protéine et conduit ainsi rapidement à une nouvelle formation osseuse.
Après les 12 premiers mois de traitement, toutes les patientes de l’étude ont reçu une nouvelle cure thérapeutique à base d’alendronate pendant 12 mois.
Les résultats révèlent que le risque de fracture vertébrale dans le cadre de cette étude a été réduit de 48% chez les patientes sous romosozumab comparé au groupe ayant reçu uniquement l’alendronate. Les taux de fractures dans les deux groupes ont été respectivement de 6,2% et 11,9%.
Le risque de fracture clinique, comme la fracture du bras ou de la jambe, a été réduit quant à lui de 27% dans le groupe ayant reçu le traitement au romosozumab. Les taux de fractures dans les deux groupes ont été respectivement de 9,7% et 13%.
Ces résultats suggèrent donc que ce nouveau traitement de l’ostéoporose à base de romosozumab procure des améliorations considérables sur la densité osseuse et une protection plus efficace contre les fractures que le traitement standard classique à l’alendronate.
« Avec le nouveau traitement, nous pourrions offrir de façon significative une meilleure protection contre les fractures et ainsi aider beaucoup de patientes souffrant d’ostéoporose sévère. » déclare le co-auteur de l’étude Mattias Lorentzon.
Des investigations à poursuivre
Le pourcentage d’effets secondaires et d’effets indésirables sévères était généralement équivalent dans les deux groupes. Cependant, il a été observé que des événements cardio-vasculaires sérieux, comme une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral, avaient lieu chez 2,5% des patientes ayant reçu le romosozumab contre 1,9% chez les patientes sous alendronate durant les 12 premiers mois de l’étude.
D’après Mattias Lorentzon, les composantes de sécurité de ce nouveau traitement doivent donc être étudiées plus en profondeur même si une étude antérieure de presque deux fois la taille de celle-ci a précédemment démontré que le romosozumab ne provoquait pas de risque supérieur événements cardio-vasculaires comparé au placebo.
« Avec le romosozumab dans notre arsenal thérapeutique, nous pourrions prévenir de nombreuses fractures chez les patientes à haut risque », conclut-il.
Dans le cadre de ces recherches actives contre l’ostéoporose, le romosozumab apparaît donc comme un agent anabolique osseux des plus prometteurs.
Déborah L., Docteur en Pharmacie
– Ostéoporose. Inserm. Consulté le 24 septembre 2017