L’obésité, facteur favorisant l’ostéoporose et les fractures

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Rédigé par Alexia F. et publié le 26 février 2022

L’obésité a longtemps été considérée comme un facteur protecteur des fractures et de l’ostéoporose. Cependant, des preuves s’accumulent en faveur d’un rôle délétère de l’obésité sur la masse osseuse. Si les femmes ménopausées et atteintes d’obésité présentent un fort risque de fractures, les hommes ne sont pas épargnés. Une étude récente révèle que les hommes de moins de 60 ans en surpoids ou obèses ont une densité osseuse faible, réduisant la résistance des os. Quel est donc le lien entre obésité et ostéoporose ? On fait le point !

Obésité et ostéoporose, des facteurs liés

Obésité et ostéoporose : comment sont-elles liées ?

L’obésité est une maladie chronique définie par un excès de masse grasse et une modification du tissu adipeux entraînant des conséquences sur l’état de santé global des personnes atteintes et réduisant leur espérance de vie. L’obésité a un retentissement mondial avec, selon l’OMS, près de 39% des adultes en surpoids dans le monde et 13% d’adultes obèses. En France, en 2015, 17% des adultes et 4% des enfants étaient touchés par l’obésité. Il s’agit d’une maladie qui engendre de nombreuses complications et comorbidités telles que le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, hépatiques, rénales ou respiratoires mais aussi des maladies articulaires comme l’arthrose.

L’ostéoporose, quant à elle, est une maladie diffuse touchant l’ensemble du squelette. Elle est caractérisée par une diminution de la densité osseuse et des altérations de la microarchitecture des os. Cela implique une plus grande fragilité de l’os et un risque accru de fractures. L’ostéoporose est 2 à 3 fois plus fréquente chez les femmes que les hommes en raison de la ménopause. En France, autour de 65 ans, 39% des femmes souffrent d’ostéoporose. Ce pourcentage atteint les 70% chez les femmes âgées de 80 ans et plus.

A savoir : La densité osseuse ou Densité Minérale Osseuse (DMO) est un indice reflétant le contenu minéral de l’os et l’une des principales composantes de la résistance de l’os. Il s’agit d’une mesure pouvant servir au diagnostic de l’ostéoporose. Elle est déterminée au cours de scanners à rayons X (appelés ostéodensitométrie) et permet d’estimer le risque pour une personne d’avoir des fractures. Elle s’exprime en T-score. Selon l’OMS, un T-score supérieur à -1 est le signe d’une DMO normale, s’il est compris entre -1 et -2,5 on parle d’ostéopénie (faible masse osseuse) et s’il est inférieur à -2,5, le diagnostic d’ostéoporose peut être posé.

Longtemps, l’obésité a été considérée comme un facteur protecteur contre les fractures et la diminution de la DMO, mais de plus en plus d’études montrent que l’obésité peut être un facteur de prédisposition à l’ostéoporose. En 2013, un travail mené chez des personnes en surpoids ou obèses, mais en bonne santé, a révélé la présence d’une quantité anormalement élevée de cellules graisseuses dans la moelle osseuse. La moelle osseuse est le lieu de création des cellules productrices de la masse osseuse, appelées ostéoblastes. La surabondance de cellules graisseuses dans la moelle osseuse perturbe la création d’ostéoblastes entraînant une fragilité osseuse. Les auteurs ont démontré qu’un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30 est lié à une augmentation du risque de fracture, autant chez les hommes que chez les femmes.

Ménopause, obésité et ostéoporose

Les déficits hormonaux causés par la ménopause sont responsables d’une forte perte de masse osseuse et d’un risque accru d’ostéoporose. Une étude à large échelle menée chez des femmes ménopausées montre que 23% des fractures comptabilisées concernaient des femmes atteintes d’obésité. Cette contribution de l’obésité au risque de fracture était également retrouvée chez les hommes, dans une moindre mesure. Cette étude révèle également que la relation entre l’IMC et la fragilité osseuse serait spécifique à chaque partie du corps. En effet, si l’obésité semble protéger des fractures de la hanche, du bassin et du poignet, elle est associée à un plus grand risque de fracture de la cheville, des parties proximale et distale des jambes et de la partie proximale de l’humérus.

Avant 60 ans, les hommes en surpoids ont plus de risque d’avoir des fractures

Pour aller plus loin, une étude publiée récemment a examiné les relations entre la composition corporelle et la DMO dans une population large représentative de la population américaine avec une grande diversité d’IMC. Les chercheurs ont analysé 10 814 volontaires âgés de 20 à 59 ans dont les données de DMO et de composition corporelle étaient disponibles. Par composition corporelle, les auteurs font référence à la mesure des indices de masse maigre (composée des os, muscles, organes, de la peau et des liquides corporels) et de masse grasse (qui indique la proportion de tissus adipeux).

Les résultats de cette étude démontrent que :

  • Chez les moins de 60 ans, la masse maigre est associée positivement avec la DMO : plus la masse maigre est élevée, plus la DMO l’est également;
  • A contrario, la masse grasse a une association négative avec la DMO : plus la masse grasse est grande, plus la DMO est faible;
  • L’effet de la masse grasse sur la DMO est plus fort chez les hommes que chez les femmes;
  • L’effet de la masse maigre sur la DMO est le même chez les hommes et les femmes.

Ces résultats suggèrent que les hommes présentant une masse grasse élevée auraient une DMO plus faible que ceux ayant une masse grasse dans la norme. Par conséquent, ils présentent plus de risque d’ostéoporose et de fractures. De plus, l’étude révèle que l’effet du poids ou de l’IMC sur la DMO dépend de la proportion de masse grasse et de masse maigre : un IMC élevé n’est pas suffisant pour prédire une ostéoporose chez les hommes de moins de 60 ans. L’ensemble de ces études argumente en faveur d’un dépistage de l’ostéoporose chez les personnes obèses, en particulier en cas de présence de facteurs de risques tels que l’âge, une fracture antérieure ou des antécédents familiaux.

Alexia F., Docteure en Neurosciences

Sources
– Fat Mass Has Negative Effects on Bone, Especially in Men: A Cross-sectional Analysis of NHANES 2011-2018. The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism. Consulté le 21 février 2022.
– Ectopic and Serum Lipid Levels Are Positively Associated with Bone Marrow Fat in Obesity. pubs.rsna.org. Consulté le 21 février 2022.
– Obésité, Une maladie des tissus adipeux. inserm.fr. Consulté le 21 février 2022.
– Comprendre l’ostéoporose. ameli.fr. Consulté le 21 février 2022.