Selon les données publiées par ONU-SIDA, fin juin 2019, 24,5 millions de personnes séropositives dans le monde avaient accès à un traitement antirétroviral. Pris au long cours, ces traitements peuvent avoir des conséquences sur la santé, et en particulier sur la santé osseuse, comme le souligne une récente étude, publiée dans la revue scientifique AIDS Human Research Retroviruses.
La santé osseuse des patients VIH traités au long cours
La découverte d’une infection par le VIH nécessite la mise en place d’un traitement antirétroviral, généralement une trithérapie ou une tétrathérapie. Ces traitements ne permettant pas d’éradiquer le virus, ils doivent être pris pendant de longues années.
Les patients séropositifs traités au long cours sont ainsi exposés aux effets secondaires et aux risques de complications liés :
- A la maladie en elle-même ;
- Aux traitements antirétroviraux.
La santé osseuse peut être impactée, ce qui se traduit par une augmentation de la prévalence de l’ostéoporose et une densité minérale osseuse souvent plus faible que dans le reste de la population.
Une cohorte de patients français suivis sur le long cours
Des études antérieures ont révélé que certains traitements antirétroviraux, comme l’association névirapine – disoproxil fumarate – inhibiteur de protéases boostés par le ritonavir, étaient associés à une densité minérale osseuse plus faible. Pour compléter les données existantes, des chercheurs ont étudié une cohorte de patients français, suivis au long cours. Les patients VIH avaient débuté un traitement par un inhibiteur de protéase entre 1997 et 1999.
La population de patients VIH étudiée avait un âge moyen de 50 ans et se composait à 81 % d’hommes. Sur l’ensemble des patients, 8 % étaient co-infectés par le virus de l’hépatite B, 18 % par le virus de l’hépatite C. Au sein de cette population, la prévalence d’une faible densité minérale osseuse (DMO) était de 16 % et celle de l’ostéoporose de 17 %. Une faible DMO concernait 18 % des hommes et 6 % des femmes.
Déterminer les traitements qui préservent au mieux la santé osseuse
L’analyse des données de la cohorte a permis d’identifier des facteurs de risque associés à une faible densité minérale osseuse :
- La diminution du taux urinaire d’acide urique ;
- La co-infection par le virus de l’hépatite C.
A l’inverse, la prescription de névirapine semblait constituer un élément protecteur pour la santé osseuse. La durée du traitement par la névirapine influençait la densité minérale osseuse au niveau de la région lombaire. Enfin, les paramètres liés à la maladie (taux de CD4+, copies d’ARN viral) n’apparaissaient pas impacter la santé osseuse.
Si l’altération de la densité minérale osseuse et l’augmentation de l’ostéoporose se confirment chez les patients VIH traités au long cours, des études complémentaires pourraient permettre d’identifier les types de traitements à privilégier pour préserver au mieux la santé osseuse.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
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